Les enfants ont grandi. Ils sont partis mais reviennent régulièrement, souvents ou moins souvent, seuls ou accompagnés. Mais quand nous arrivons à nous réunir tous ensemble, nous aimons nous retrouver à partager un moment de calme autour de la cheminée, chacun avec un livre.
Dans le temps, la pièce de la cheminée était la pièce chaude de la maison. Et nous avions tendance à nous y regrouper pour profiter du crépitement du feu. Tout comme à la génération précédente les familles se regroupaient autour de la lampe à pétrole pour partager la lumière, nous nous rassemblions autour de la cheminée pour partager la chaleur.
C’était le temps où il n’y avait pas de télévision à la maison et notre attention n’était pas dispersée par les intrus de la lucarne magique.
C’était un temps de vacances où il faisait bon prendre son temps.
Autour de cette cheminée, chaque soir, nous nous préparions un lait caramel-pincettes avant d’aller nous coucher.
Une tradition qui nous venait de Francis, le parrain de notre troisième fils. Il l’avait recueilli, enfant, chez ses parents qui habitaient au fond d’une vallée des Pyrénées, aux Eaux-Chaudes. Francis était issu d’une famille nombreuse et son père, douanier, ne roulait pas sur l’or. Alors chaque douceur, chaque « amélioration de l’ordinaire » était la bienvenue. Et le dimanche soir, sa mère leur préparait ce fameux lait caramel-pincettes. Francis nous a partagé cette recette un soir où il nous accueillait en famille. La voici :
Tout d’abord, réunir les enfants autour d’un feu de cheminée et leur demander d’être bien sages. Puis apporter autant de bols que d’enfants. Mettre à la braise du feu une ou deux pinces à bois. Prendre son temps. Expliquer que le feu brûle. Quand les pinces commencent à être bien rouge, apporter de la cuisine une casserole de lait bien chaud et mousseux. Verser le lait dans les bols. Prendre ensuite très rapidement un sucre en morceau avec la pince chaude et le tenir au dessus d’un bol. A la chaleur de la pince, le sucre caramélise et fond dans le lait. Remettre la pince à chauffer et recommencer autant de fois qu’il y a de bols…
C’est si simple de faire plaisir…
Encore maintenant, jeunes adultes, les enfants s’arrangent toujours pour recréer les conditions d’une soirée d’avant : un feu, pas de télé, chacun avec un livre et un lait caramel-pincettes.
Magie du geste partagé, simplicité des choses, bruits mythiques du crépitement du feu, du grésillement du caramel qui fond, odeur de lait chaud, odeur du sucre qui grille, du bois qui brûle. Rappel que parfois, des petits riens nous apportent plus que la sophistication promise par notre monde moderne et que le principal, c’est de pouvoir se réunir, heureux d’être ensemble, heureux de prendre le temps et de faire une pause avant de repartir vers le tourbillon de la vie.
Bonjour
Jai souvenir petite que ma mère faisait comme vous mais nous c’était crème anglaise caramel pincettes. J’en ai un souvenir inoubliable gustativement et ce moment était un vrai rituel.
J’ai pris beaucoup de plaisir à lire votre texte de ce bon moment familial.
Merci